Titre

Une Socionomie est-elle possible ?

Auteur Laurent CORDONIER
Directeur /trice Laurence Kaufmann
Co-directeur(s) /trice(s) Michael Esfeld
Résumé de la thèse

Ma Thèse se situe en épistémologie de la sociologie et porte, plus spécifiquement, sur la question de l’explication en sociologie. L’objectif central de cette Thèse est d’interroger théoriquement et d’éprouver empiriquement la possibilité de ce que je propose d’appeler une socionomie, c’est-à-dire une sociologie qui chercherait à formuler des lois sociologiques et à faire reposer ses explications (causales) sur de telles lois (« nomos » signifiant « loi » en grec). Mon projet s’inscrit dans une conception naturaliste de la sociologie selon laquelle les théories sociologiques devraient pouvoir s’articuler et être rendues compatibles avec les théories des autres sciences, y compris celles des sciences de la Nature.
La question de la possibilité de formuler des lois sociologiques est une question aussi ancienne que la sociologie elle-même. Si, à l’origine de la sociologie, on trouvait des philosophes et des sociologues confiants quant à la possibilité de découvrir des lois sociologiques (Comte, Durkheim, p.ex.), aujourd’hui le mainstream semble plutôt être celui de considérer que l’idée de loi sociologique est une pure et malsaine utopie positiviste ou néo-positiviste. Pourtant, je pense qu’il n’est pas inutile de poser une n-ième fois la question de la possibilité et de l’utilité de lois en sociologie. En effet, l’inexistence de théories sociologiques, comprises comme des ensembles cohérents et hiérarchisés de lois sur lesquels devraient reposer les explications sociologiques, conduit, selon moi, à un certain déficit explicatif de la sociologie et à un évident manque de cumulativité au sein de cette science. Par ailleurs, si les sociologies ayant dans le passé proposé des lois ont directement cherché de grandes lois universelles et hyper-macroscopiques, ce qui n’a pas débouché sur des résultats très encourageants, il est certainement possible de conduire le travail nomologique d’une autre façon, par exemple, comme je vais le proposer dans ma Thèse en me basant sur une stratégie esquissée par Cuin (2000, 2006), en partant de régularités potentiellement nomologiques (lois hypothétiques) ayant un faible degré de généralité pour en induire des lois plus générales à partir desquelles on pourrait déduire de nouvelles lois locales qui auraient alors à être mises à l’épreuve des faits. Je montrerai donc dans ma Thèse l’utilité pour la sociologie de disposer de lois et que, si les tentatives de recherche de lois que la sociologie a connues jusqu’à présent n’ont pas abouties, il reste encore des pistes à explorer.
Comme toute position épistémologique, celle que je vais proposer et défendre repose évidemment sur une position ontologique. Dès lors, dans ma Thèse j’exposerai l’ontologie sur laquelle je me base, qui est celle du réductionnisme ontologique physicaliste. Il me faudra alors essayer de voir s’il est possible d’articuler de façon intelligible un tel réductionnisme ontologique avec une position épistémologique réductionniste conservative, c’est-à-dire non-éliminativiste quant à la sociologie. Suite à ce travail théorique, je chercherai à éprouver empiriquement la possibilité de proposer des lois sociologiques et de faire reposer des explications de phénomènes sociaux concrets sur de telles lois.

Statut
Délai administratif de soutenance de thèse
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