L’analyse de la migration européenne contemporaine par l’approche genre. Le cas d’une population rurale roumaine travaillant à Rome.

Cette étude part d’une recherche sur le terrain entamée en 2000. Le but initial était d’analyser la formation des réseaux migratoires entre la Roumanie et l’Italie. Il s’est avéré, au cours des premières recherches avec des interviews, études de cas et observations directes dans un village roumain où la plupart des gens migraient en Italie pour chercher du travail, que ces réseaux reposaient sur des liens sociaux comprenant la parenté, le voisinage et l’amitié. Plus tard, je me suis interrogée sur la catégorie genre qui structurait fortement les flux et les stratégies migratoires. Depuis, mon but est de comprendre est expliquer comment cette catégorie de genre opère sur plusieurs niveaux du processus migratoire : négociation de la décision à l’intérieur des groupes domestiques d’origine des migrant-e-s, accès aux ressources afin de mettre en place une telle décision, insertion sur le marché du travail en Italie, vécu et discours des femmes et des hommes sur leur expérience migratoire à Rome, orientation vers l’installation à Rome ou vers le retour au village d’origine, facteurs structurels favorisant la migration des femmes et des hommes du village roumain en question à Rome, etc. pour expliquer tout cela en termes appropriées, je fais usage de la théorie de la structuration fondée par Anthony Giddens en 1984 et appliquée par différents auteurs au processus migratoire (voir : Goss and Linquist, 1995 ; Morawska, 2001). Cette théorie permet de faire un lien entre les décisions, les motivations et les compétences des acteurs migrants et les facteurs structurels locaux et internationaux qui conditionnent les actions des individus, hommes et femmes confondus. L’originalité de cette étude consiste en avoir pris l’approche de genre comme intermédiaire entre les faits empiriques découverts sur le terrain et la théorie utilisée pour expliquer ces faits.