Être et agir ensemble à distance. Pour une exploration sociologique de la constitution et de la maintenance des collectifs politiques en Suisse Romande

L'objectif central de cette thèse se trouve dans la volonté d'éclairer différents modes d'existence et d'action des collectifs. Plus particulièrement, il s'agira de se demander comment se constituent et se maintiennent des collectifs à grande échelle par le biais des médias, ces derniers permettant aux êtres humains de se lier et de se représenter à distance. Le rassemblement à distance et la force des individus à "faire société" est une problématique qui interroge la sociologie depuis ses débuts mais également la philosophie politique. La proposition de cette thèse consiste à concilier ces deux types de perspective, en tentant, dans un premier temps, de saisir, comme l'envisage Georg Simmel, des "formes sociales" se dégageant d'une configuration triadique - un Je et un Tu se réfèrent à un Tiers commun, ici un média, pour faire émerger un Nous - et, dans un second temps, d'adopter une posture plus normative, en vue de déceler les éventuelles propriétés politiques de ces collectifs. La démarche centrale de mon enquête consistera à analyser les dispositifs énonciatifs et interactionnels de plusieurs corpus médiatiques suisses romands - puisant aussi bien dans des médias officiels et traditionnels que dans des médias officieux et plus minoritaires - ainsi que leur capacité de circulation. L'enjeu sera donc de tenter d'appréhender les traces, les marques observables, que laissent les médias pour qu'un collectif devienne intelligible pour ses membres. Une attention particulière sera accordée aux médias officieux, peu envisagés scientifiquement jusqu'ici, qui nous permettent de faire glisser notre regard vers d'autres modalités de prise de parole publique afin de rendre compte, potentiellement, d'une "politique non délibérative" qui demeure un espace à explorer.