Titre | Les discriminations raciales dans la prise en charge de la douleur en milieu hospitalier |
Auteur | Elise BLANDENIER |
Directeur /trice | Pr. Mathilde Bourrier (Directrice du Département de sociologie - UNIGE) |
Co-directeur(s) /trice(s) | |
Résumé de la thèse | Chaque être humain fait, tout au long de sa vie, l’expérience de la sensation douloureuse. Cette universalité en fait un objet d’étude passionnant et souvent exploré. La définition la plus commune est celle de l’Association internationale pour l’étude de la douleur (IASP): « Expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, associée une lésion tissulaire réelle ou potentielle, ou décrite en ces termes » (Serrie et al., 2014). De cette définition bien vague, il est nécessaire de retenir la prééminence du concept de subjectivité.
L’expérience douloureuse est une expérience sociale chargée de sens et de significations. La douleur, ou souffrance, est relative aux données sociales et culturelles (Le Breton, 2015). Non seulement, la douleur du patient est située dans un contexte mais la perception de la douleur par le soignant est également construite par les propres données structurelles et personnelles de ce dernier. La douleur trouve donc un sens dans le contexte, dans l’interaction et est sujet d’interprétation (Martin-Mattera, 2014). Lors de la prise en charge de la douleur, le soignant est donc face à un défi. Il a intériorisé la subjectivité de la douleur de son patient tout en faisant face à ses propres biais d’interprétations. Les personnes racisées1 sont particulièrement victimes de biais dans l’interprétation et dans la prise en charge de leur douleur. La communauté scientifique anglo-saxonne qui travaille, elle, avec des données dites ethniques (Sauvegrain, 2012) apporte une diversité de ressources à ce sujet. De nombreuses autres études confirment que les discriminations raciales dans la prise en charge ne sont plus à prouver et quelles ont souvent des conséquences dramatiques (Hoffman et al., 2016). Pourtant, actuellement, la littérature portant sur les discriminations liées à une appartenance ethnique dans le milieu hospitalier suisse romand et particulièrement dans la prise en charge de la douleur est pratiquement inexistante.
Cette thèse vise à étudier les biais d’interprétations des soignants lors de la prise en charge de patients racisés douloureux dans le contexte hospitalier suisse-romand. Elle s’interroge sur les pratiques des soignants et sur la perception de la douleur de leurs patients. Il ne s’agit pas de porter un jugement sur un corps de métier ni de traiter des valeurs des soignants eux-mêmes mais véritablement de s’intéresser aux mécanismes pouvant aggraver ces biais d’interprétation. Je compte adopter une démarche itérative qualitative afin d’effectuer une étude de cas comparative entre deux services des Hôpitaux Universitaires Genevois. Des entretiens seront menés en parallèle de sessions d’observation participante. Avant cela, dans une perspective collaborative, des focus group seront organisés avec les soignants afin d’identifier au mieux les enjeux. Le sujet tout autant que l’approche choisie sont inédits. Il est fondamental d’avoir une réflexion sur le sujet afin d’identifier des lacunes ou améliorations possibles.
1 La question de la définition du terme « race » dans le contexte médical fera l’objet d’un chapitre entier de la thèse. Afin que ce projet de thèse demeure dans les limites imparties, je ne suis pas en mesure de développer, ici, plus largement l’usage et la définition de ce terme. Dans l’intervalle, je précise que j’utilise le terme « race » au sens d’une construction sociale durant laquelle certaines personnes deviennent racisées suite à des discriminations sociétales systématiques (Sharma et al., 2017). |
Statut | au début |
Délai administratif de soutenance de thèse | 2027 |
URL | https://www.linkedin.com/in/elise-blandenier-572138192/ |