Titre

La solidarité « chaude » : une réponse possible au démantèlement de l’État social ?

Auteur Sabine JACOT
Directeur /trice François Hainard
Co-directeur(s) /trice(s)
Résumé de la thèse

Depuis les années 1980, l’État social fait face à de nombreuses critiques et remises en question (Bertozzi, Bonoli, & Gay-des-Combes, 2008; Gøsta Esping-Andersen, 1990; Gosta Esping-Andersen & Palier, 2008; Facal, 2008; Huber & Stephens, 2001; Iversen, 2001; Merrien, 2002, 2007; Palier, 2002; Pierson, 1996; Rosanvallon, 1981; Scharpf, 1991; Schuyt, 2010; Starke, 2006). Fortement endettées, les collectivités publiques occidentales peinent à financer les politiques sociales mises progressivement en place depuis la période dite des Trente Glorieuses pour assurer leurs objectifs de protection et de justice sociales. Le rôle redistributif de l’État social est particulièrement contesté, les programmes d'aide aux citoyens dans le besoin menacés. En outre, de nouveaux défis sont aujourd’hui à la charge de l’État. Il se trouve soumis à de nouveaux risques et besoins sociaux (chômage ascensionnel, éclatement familial, augmentation des femmes sur le marché de l’emploi, vieillissement démographique,...) qui l’obligent dès à présent à davantage d’interventions et de financement. En marge de cette solidarité étatique qualifiée de « froide » (Le Goff, 2012) existent des réseaux d’entraide plus ou moins formels investis par une partie de la population (Alary, Beausoleil, Guédon, Larivière, & Mayer, 1988; Ansay & Goldschmidt, 1998; Le Goff, 2012; Morin, 2012; Padis, 2012; Strohl, 2008, 2012) qui entendent partager connaissances, biens et services pour suppléer à certains lacunes du système public. Fondés sur des relations interindividuelles en face-à-face et sur la base des rapports de don, de réciprocité et de proximité, ces réseaux véhiculent ce qui est nommé « la solidarité chaude » (Le Goff, 2012) qui participe en outre à la (re)création de lien social et cherche à proposer des alternatives aux rapports étatique et marchand.

L'enjeu de la présente étude sera d'étudier plus particulièrement ce type spécifique de solidarité. Il s’agira de déterminer, sur la base d'entretiens, qui sont les acteurs qui prennent part à ces différents réseaux d'entraide, quelles sont les motivations qui les encouragent à les investir, quel sens et quelle place ils donnent à leurs pratiques de solidarité. Il sera également question d’observer si les raisons qui poussent ces personnes à intégrer ces logiques répondent à des manquements ponctuels de l’État social et de quelle manière ces réseaux peuvent y répondre. L’actuelle réflexion donne ainsi lieu à deux principales questions de recherche : Quel regard posent à la fois l’État et ces réseaux d’entraide à l’égard de l’un et de l’autre ? Et existe-il de fait une complémentarité entre la solidarité « chaude » et « froide » ou, au contraire, fonctionnent-elles en marge l’une de l’autre ? Si ces réseaux permettent d’organiser à l’échelle individuelle de nouvelles formes d’entraide inconnues, connues voire reconnues des institutions publiques, elles obligent à repenser le rôle de la solidarité étatique en ce sens qu’elles nous semblent pouvoir incarner une fonction supplétive d’importance à celle-ci.

 

Statut en cours
Délai administratif de soutenance de thèse
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