Titre

Vie associative des personnes mobiles et transnationalisme. Une étude partant du cas des associations.

Auteur Alexandrina IREMCIUC
Directeur /trice Sandro Cattacin
Co-directeur(s) /trice(s)
Résumé de la thèse

Au XXI siècle la mondialisation des migrations est bien entamée. Les réseaux associatifs de migrants se développent et se pérennisent, un nouveau mode de vie fait son apparition: la mobilité au-delà des frontières géographiques. La tendance se traduit par l’apparition des migrations pendulaires qui touchent nombre important de pays confrontés au départ, au transit et à l’accueil de populations de plus en plus mobiles.

 

La mobilité des personnes n’est depuis le milieu des années 1980 plus considérée comme le déplacement d’un individu entre un point de départ (A) et un point d’arrivée (B) mais davantage comme un phénomène complexe dont la caractéristique principale est la circulation continue (Vertovec 1999 ; Faist 2000). Au cœur de ce phénomène il y a les personnes qui tissent nombre de liens entre différents endroits et dont la vie sociale s’organise en réseaux qui s’étendent au-delà des frontières étatiques et géographiques (Glick Schiller, Basch & Blanc-Szanton 1992 et 1995). C’est ce qu’on désigne aujourd’hui par le terme de « transnationalisme ».

 

Ce concept avance l’idée que l’intégration d’une personne mobile voire d’un migrant dans un pays d’accueil n’a pas pour conséquence implicite la rupture des liens avec le pays d’origine mais au contraire, qu’un engagement dans les deux pays est simultanément possible. Et fait montre de l’évolution d’une vision stato-centrée vers une réalité multicentrée où les personnes mobiles créent des relations sociales et économiques ainsi que des identités et des appartenances collectives qui dépassent les frontières classiques (Fibbi et D’Amato 2008).

 

Cette tendance se traduit notamment par la création d’associations de migrants dans toutes les régions du monde confrontées à des afflux de populations venues d’ailleurs (Dahinden et Moret, 2008). Confirmant l’assertion selon laquelle ce ne sont pas uniquement les individus mais aussi les réseaux qui migrent, les associations des personnes mobiles deviennent des acteurs non-étatiques-clés des pratiques transnationales de part l’interdépendance qu’elles sous-tendent entre les différents niveaux d’échanges entre les lieux, les groupes sociaux et la dynamique économique.

 

L’associationnisme migrant est une forme particulière d’« association » (Cattacin 2007), cette dernière étant entendue ici comme une organisation à but non-étatique et non-lucratif se reproduisant sur la base des règles formalisées à l’exemple des statuts (Martiniello 1997; Dear et Flusty 2001; Baglioni 2005). Les associations de migrants sont de nature diverse et sont conditionnées par différents facteurs structurels : l’objectif poursuivit, le degré de formalisation et la portée des activités ; les liens entretenus simultanément avec le pays d’accueil et d’origine, et notamment, l’orientation transnationale ; et le type de transfert fait à destination du pays d’origine (p. ex. politique, économique et de développement, social voire des compétences).

 

Selon leur nature, les associations de migrants répondent à plusieurs types de besoins soient-ils successifs ou cumulatifs, à savoir : des besoins communautaires (p.ex. s’identifier, être reconnu etc.) ; des besoins d’intégration (p.ex. accéder à des moyens de subsistance et à la sécurité à l’exemple du logement ou de l’emploi) ; des besoins intercommunautaires (p.ex. coopérer avec d’autres organismes, structures etc.) ; des besoins transnationaux ou internationaux (p.ex. initier des actions dans le pays d’origine ou au sein des diasporas). En d’autres termes, les associations constituent des sources d’informations diverses pour le migrant de même qu’elles sous-tendent l’interdépendance entre les différents niveaux d’échanges entre les lieux, les groupes sociaux et la dynamique économique.

 

Partant de cette idée, nous avons choisi d’analyser les associations de migrants dans la perspective particulière de leur capacité à incarner et à créer des espaces transnationaux divers : politique et social, économique et de développement, culturel et religieux, et enfin, d’expertise. Ainsi, cette recherche tentera de répondre aux questionnements suivants: quelle est la dynamique des échanges entre les associations de migrants et les institutions locales du pays d’accueil ? quels sont les liens qui se développent simultanément en direction du pays d’origine et des associations du même groupe de référence dispersés ailleurs dans le monde ? quelle est la place des associations de migrants dans le paysage des politiques de mobilité européenne ? et enfin, quelle est l’influence des associations sur le développement des échanges transnationaux ?

 

Pour ce faire, trois exemples communautaires ont été retenus, et respectivement les communautés égyptienne, roumaine et sénégalaise. Plus précisément, l’étude empirique portera sur l’analyse d’associations appartenant à chacune des trois communautés. Le choix s’est porté sur ces communautés pour différentes raisons : il y a d’abord la dispersion géographique des trois communautés, ce qui n’inclut pas implicitement une différence dans la manière de fonctionner et de s’organiser de l’association créée ; il y a ensuite la spécificité apparente de la mobilité et la caractéristique a priori prédominante de la création d’une association dans le pays d’accueil, - politique pour l’Egypte, échange de professionnels hautement qualifiés pour la Roumanie, financier et de développement pour le Sénégal -; et en dernier lieu, leur représentativité par rapport aux différents types d’association.

 

S’appuyant sur une approche convergente (Matthey et al. 2009), cette étude s’effectuera à travers les résultats provenant principalement d’une enquête qualitative. Plus précisément, il s’agira des interviews semi-structurées faites avec des représentants des associations, - soient-ils présidents/ vice-présidents ou membre actif -, mais également avec des personnes appartenant aux communautés qui nous intéressent et qui ont fait le choix de n’être membre d’aucune association (cf. approche inclusive-exclusive).

 

L’intérêt de cette aproche réside avant tout dans le fait qu’elle permettra ainsi d’analyser concrètement les motivations d’intégrer ou non une communauté associative (cf. théorie inclusion/ exclusion) et les activités que cette dernière déploie, et qui sont tout autant de critères contribuant à la création des espaces transnationaux. L’interprétation et l’analyse des résultats prendront appui dans les théories relatives aux principaux concepts abordés : l’associationnisme migrant ; la mobilité européenne ; et le transnationalisme.

 

Les résultats ainsi obtenus permettront d’évaluer la portée transnationale des activités associatives des communautés en s’intéressant à leurs pratiques mais aussi à leur ouverture sur l’espace public et par extension, à leur adaptation aux pressions des sphères nationales et internationales. En outre, ils contriburont à développer des hypothèses explicatives sur les facteurs qui conditionnent la portée transnationale (p.ex. culture et contexte du pays d’origine, politique d’intégration du pays d’accueil, lien entre les associations et les autorités du pays d’accueil etc.) de ces associations et combleront ainsi une lacune qu’existe en Europe relative à l’analyse de ces communautés de personnes mobiles.

 

Statut au milieu
Délai administratif de soutenance de thèse Automne 2017
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