Comparaisons internationales : le qualitatif et le quantitatif se rejoignent

Rencontre entre doctorant-e-s

 

Jeudi 22 février 2007 à Neuchâtel, Université de Neuchâtel, FLSH, Espace Louis –Agassiz, 1

Salle RE 42 (123.7Ko, pdf)

 

 

 

Responsables : Christian Suter, professeur, en collaboration avec , assistante, Université de Neuchâtel

 

Résumé

Qu’il s’agisse du recueil ou de l’analyse de données, la sociologie est caractérisée par une diversité des méthodes quantitatives et qualitatives aussi bien pour le recueil, que pour l’analyse des données. Il est notoire que les unes et les autres ont chacune leurs limites, mais souvent un fossé méthodologique empêche leur utilisation complémentaire. C’est notamment dans le domaine des comparaisons internationales que les limites de ces deux perspectives méthodologiques se manifestent de manière évidente. L’objectif de ce colloque est de montrer à quel moment une recherche quantitative doit intégrer la perspective qualitative et vice-versa tout au long des étapes de collecte et d’analyse de données. Dans ce but, les intervenants de cette journée, représentants de ces deux perspectives méthodologiques, présenteront des illustrations de recherche dans le domaine des comparaisons internationales. Les interventions sont groupées en deux sous-thèmes : la matinée traitera notamment des clivages classiques entre savoir scientifique et savoir ordinaire et entre quantitatif et qualitatif en rapport avec la thématique des comparaisons internationales ; l’après-midi est dédié aux communications portant sur les différentes approches de la qualité de vie à travers des comparaisons internationales.

Cette journée est organisée par l’Institut de sociologie de l’Université de Neuchâtel, en collaboration avec le Panel Suisse des Ménages et le SIDOS (l’archive suisse des données pour les sciences sociales) – deux institutions majeures dans le domaine de la recherche quantitative. Ayant lieu un jour avant le 4ème Congrès international des utilisateurs des données du Panel Suisse des Ménages, cette journée est aussi l’occasion pour ses participants doctorant-e-s d’assister à ce congrès.

 

 

Programme de la journée

 

Matinée : Savoir scientifique/savoir ordinaire ; quantitatif/qualitatif

9h30 – 9h45

Café de bienvenue

9h45 - 10h00

Introduction (Christian Suter, Université de Neuchâtel)

10h00 - 10h45

Théories actuelles des classes sociales. Points de vue savants et points de vue ordinaires (Yannick Lemel, INSEE, Paris)

11h00 – 11h45 

Les enjeux de la collecte de données des grandes enquêtes (Dominique Joye, Sidos, Neuchâtel et Université de Lausanne et Erwin Zimmermann, PSM, Université de Neuchâtel)

11h45 – 12h15

Intervention de doctorante: Jacqueline Kucera, Université de Neuchâtel 

12h15-13h30

Repas chez « Café des Amis »

 

Après-midi : Les différentes approches de la qualité de vie

13h30 – 14h15

L’économie ethnique en Europe: le défi d’une recherche qualitative (Anne Juhasz, Université de Zurich)

14h15 – 15h00

The comparative analysis of quality of life: the qualitative approach (Maria Kontos, Université de Frankfort)

15h00 -15h30

Intervention de doctorante: Angèle Flora Mendy, Université de Lausanne

15h30-16h00

Pause-café

16h00-16h45

The comparative analysis of quality of life: the quantitative approach (Ruut Veenhoven, Erasmus University, Rotterdam)

16h45 – 17h30

Débat et conclusion (tous les participants)  

Dès 17h30

Apéro de fin de journée

 

 

Présentation des intervenant-e-s au colloque du 22 février 2007

 

Dominique Joye

E-mail: [email protected]

Website: http://www.sidos.ch/about/staff/dj.asp?lang=f

 

Dominique Joye (1955) est politologue et sociologue. Entre 1999 et 2006, il a été directeur de SIDOS, (the Swiss data archive) et professeur associé à l’Université de Neuchâtel. Depuis octobre 2006 il est professeur de sociologie à l’Université de Lausanne enseignant la stratification sociale et la méthodologie de recherche. Ses principales publications sont : Andersson, Harri, Gertrud Jorgensen, Dominique Joye, and Wim Ostendorf (Eds.) 2001 Change and Stability in Urban Europe: Form, Quality and Governance. Ashbury: Ashgate, Bassand M, Kaufmann V, Joye D, eds. 2001. Enjeux de la sociologie urbaine. Lausanne: Presses polytechniques et universitaires romandes. Ses domaines de recherches sont la stratification sociale, le changement social, les réseaux sociaux et la participation politique.

 

 

Anne Juhasz

E-mail: [email protected]

Website: http://www.suz.unizh.ch/juhasz/

 

Anne Juhasz (1973) est Dr. Phil., maître assistante à l’institut de sociologie de l’Université de Zürich. Ses principales publications sont: "Die zweite Generation: Etablierte oder Aussenseiter? Biographien von Jugendlichen ausländischer Herkunft. Wiesbaden: Westdeutscher Verlag" (avec Eva Mey) et "Autonomie und Risiko statt Unsicherheit. Die selbständige Erwerbstätigkeit als Weg zur Bearbeitung biographischer Unsicherheiten in der Migration. In: sozialersinn 6 (2005), 1, S. 93-109". Ses domaines de recherches portent sur la migration, les inégalités sociales, la citoyenneté, les méthodes qualitatives.

 

 

Maria Kontos

E-mail: [email protected]

Website: http://web.uni-frankfurt.de/ifs/people/kontos/index.htm

 

Maria Kontos est sociologue et chercheuse avancée à l’Institute of Social Research de Johan Wolfgang Goethe University - Frankfurt am Main. Ses principales publications sont :“Self-employment, Gender and Migration “ Special issue of the International Review of Sociology, Vol. 13, No 1, March 2003 (avec Ursula Apitzsch), „Entgrenzte Arbeit in Familienbetriebe von Migranten“. In: WestEnd, Neue Zeitschrift für Sozialforschung , Jg. 2, H. 3, 2005 pp. 100-112, „Biographical Analysis and Quality of Life Processes in Migration”. In Wolfgang Glatzer, Susanne von Below et Matthias Stoffregen, (eds.) “Challenges for Quality of Life in the Contemporary World. Advances in Quality-of-Life Research”, Dordrecht/Boston/London Kluwer Academic Publishers. 2004. Ses principaux domains de recherché sont: la migration, le travail independent, le genre et la méthode biographique

 

 

Yannick Lemel

E-mail: [email protected]

Website: http://www.crest.fr/pageperso/lemel/lemel.htm

 

Yannick Lemel (1943) est sociologue et enseigne à l'Ecole Nationale de la Statistique et de l'Administration Economique (ENSAE) « Les modèles d'acteurs en sociologie » et à l’Institut d’études politiques de Paris le séminaire "Problèmes et démarches des comparaisons de sociétés". Depuis le 1er septembre 1993 il est également directeur du Laboratoire de sociologie quantitative du CREST-INSEE. Ses principales publications sont : La société française. Pesanteurs et mutation : le bilan , 2006 (avec Galland O.), Paris : A. Colin, 432 p. ; Les classes sociales, 2004 Paris: Presses Universitaires de France, 127 p., La société française en tendances 1975-1995. Deux décennies de changement, 1998, (avec Louis Dirn), Paris : PUF, 459p. Ses domaines de recherches portent notamment sur le changement social, les classes et la stratification sociale.

 

 

Christian Suter

E-mail: [email protected]

Website: http://www3.unine.ch/members/christian.suter

 

Christian Suter (1956) est sociologue et professeur en sociologie à l’Université de Neuchâtel est éditeur du International Journal of Comparative Sociology et du Rapport Social. Ses principales publications sont: “Relative Deprivation and Well-being: Switzerland in a Comparative Perspective,” pp. 9–37 in: Hanspeter Kriesi, Peter Farago, Martin Kohli and Milad Zarin-Nejadan (eds.), Contemporary Switzerland: Revisiting the Special Case. Houndmills: Palgrave Macmillan, 2005. Rapport Social 2000 et 2004. Zürich: Seismo. Debt Cycles in the World-Economy. Boulder: Westview, 1992. Les principaux domaines de recherche relèvent des indicateurs sociaux, du changement social, des inégalités, des politiques sociales, de la mondialisation et de l’endettement.

 

 

Ruut Veenhoven

E-mail: [email protected]

Website: http://www2.eur.nl/fsw/research/veenhoven

 

Ruut Veenhoven (1942) est sociologue, professeur à l’Université Erasmus, Rotterdam, directeur de Worls datatbase of happiness et éditeur du Journal of Happiness Studies. Les principales publications: “Conditions of happiness” (1984), “Happiness in nations” (1993) “Happy life-expectancy” (1997) “The four qualities of life” (2000) and “Is life getting better?”(2005). Veenhoven a aussi publié sur l’amour, le marriage, et la planification des naissances. Ses principaux domaines de recherches sont la qualité de vie et le bonheur.

 

 

Erwin Zimmermann

E-mail: [email protected]

Website: http://www.swisspanel.ch/file/who/team/erwin_zimmermann_cv.pdf

 

Erwin Zimmermann (1947) est sociologue et professeur associé à l’Université de Neuchâtel. Il est également directeur du Panel suisse de ménages (PSM), Neuchâtel. Ses principales publications sont Zimmermann Erwin, Astrid Stückelberger and Peter C. Meyer, (forthcoming in 2006): Effects of Cumulative Disadvantage and Disruptive Life Events on Physical and Mental Health between the ages of 50 – 74 years: Analysis from the Swiss Household Panel (SHP). Swiss Journal of Sociology, (accepted for publication in october 2006).Zimmermann Erwin and Tillmann Robin (Eds.) (2004), Vivre en Suisse 1999-2000. Une année dans la vie des ménages et familles en Suisse, Population, Famille et Société, Vol. 3, Bern: Peter Lang Verlag AG. Ses domaines de recherches portent notamment sur la santé, la pauvreté, l’exclusion.

 

 

Résumés des communications

Théories actuelles des classes sociales. Points de vue savants et points de vue ordinaires

Yannick Lemel, INSEE, Paris

Résumé

L’analyse des sociétés au prisme des classes sociales a une très longue tradition. De tout temps, semble-t-il, l’une des manières de se représenter l’organisation des sociétés dans l’histoire occidentale a été de faire référence à un nombre limité de groupes distincts au sein de celles-ci (Ossowski, 1963, La structure de classes dans la conscience sociale, Paris : éditions Anthropos).

L’idée que ces groupes se définissent par référence à la place qu’ils occupent dans l’organisation économique et sont en lutte entre eux est développée au XIXème siècle par divers auteurs, le plus éminent étant évidemment Karl Marx. Sur cette base, une longue tradition sociologique perdure jusqu’à nos jours. Elle propose des représentations de la société alternatives de représentations fondées sur des principes comme les relations de prestige et emploie explicitement le terme de « classe ».

Ceci étant, le terme de classes peut aussi s’employer pour désigner les groupes associés à des représentations discrètes de la société même si ceux qui les utilisent n’emploient pas eux-mêmes le terme (de ce point de vue, la trilogie guerrier/clerc/paysan serait bien une représentation en «classe »). Le mot s’emploie aussi dans les représentations ordinaires mais la question se pose alors de déterminer ce qu’il signifie exactement dans l’esprit des personnes et si c’est bien une représentation discrète, un « schéma de dépendance » que ces personnes ont en tête.

On se propose de faire un point sur tous ces sujets dans un contexte marqué ces cinquante dernières années par le développement des comparaisons internationales et, surtout, la montée en puissance des outils et institutions statistiques. Pour l’analyse des classes sociales et de la stratification sociale, ce dernier changement est essentiel : il a des conséquences tant sur les conditions de la compétition dans les mondes académiques que sur la perte de monopole de ceux-ci dans la production des représentations savantes de la structure sociale avec l’émergence de collectivités professionnelles alternatives eux-aussi intéressées à de telles constructions.

 

 

Les enjeux de la collecte de données des grandes enquêtes

Dominique Joye, Sidos, Neuchâtel et Université de Lausanne

Erwin Zimmermann, Panel Suisse de ménages, Université de Neuchâtel

Résumé

Les grandes enquêtes nationales comme le Panel suisse de ménages (PSM), mais aussi la partie suisse d'enquêtes internationales (ESS European Social Survey ; ISSP International Social Survey Programme ; SILC Statistics on Income and Living Conditions) posent la question des indicateurs à inclure de manière systématique, de leur sens dans les différents contextes nationaux et de leur possibilité de comparaison dans le temps. Les modes et conditions de la collecte des données par interviews et plus généralement des éléments qui influencent la qualité des données doivent être pris en compte de manière extensive, incluant aussi bien des aspects qualitatifs que quantitatifs.

Références

Harkness, J.A., Vijver, F.J.R.D.-, Mohler, P.P. (2003), Cross-Cultural Survey Methods, Wiley, New York.

Zimmermann Erwin and Tillmann Robin (Eds.) (2004), Vivre en Suisse 1999-2000. Une année dans la vie des ménages et familles en Suisse, Population, Famille et Société, Vol. 3, Bern: Peter Lang Verlag AG.

 

L’économie ethnique en Europe: le défi d’une recherche qualitative

Anne Juhasz, Université de Zurich

Résumé

A l’exemple d’un projet de recherche sur les entrepreneurs issus de l’immigration en Europe, je vais discuter le défi d’une recherche qualitative dans l’analyse de la qualité de vie. Dans le cadre de ce projet de recherche qui était financé par l’Union Européenne, plusieurs partenaires de recherche dans différents pays européens examinaient la qualité de vie des entrepreneurs issus de l’immigration et de leurs enfants.

Dans la présentation prévue, je vais d’abord discuter la question comment on peut définir « la qualité de vie » dans l’ethnique business, ça veut dire dans le domaine du travail indépendant des entrepreneurs issus de l’immigration. Ensuite, je vais argumenter pour la nécessité d’intégrer dans l’analyse de la qualité de vie des indicateurs objectifs et subjectifs, ce qui implique de combiner différentes méthodes de recherche pour examiner ces différents indicateurs.

A l’exemple du projet Suisse qui était partenaire du projet européen, je présenterai une démarche possible pour combiner différentes méthodes de recherches. Il s’y agissait d’une analyse quantitative des données statistiques (l’ Enquête Suisse sur la Population Active ESPA), d’une analyse qualitative des récits de vie et d’une analyse des réseaux sociaux des entrepreneurs. Chaque une de ces méthodes permettait d’analyser différents aspects de l’entrepreneuriat des personnes issus de l’immigration et de leur qualité de vie. En focalisant sur certains aspects du phénomène, chaque méthode avait donc aussi ces limites et ne pouvait pas analyser le phénomène entièrement. Ces limites et les chances de ces méthodes ainsi que les chances d’une combinaison de différentes méthodes seront discutées en détail dans la présentation annoncée.

 

The comparative analysis of quality of life: the qualitative approach

Maria Kontos, Université de Frankfort

Résumé

La présentation porte sur les procédures méthodologiques établies dans le cadre du projet UE

“The chances of the second generation in families of ethnic entrepreneurs; intergenerational and gender aspects of quality of life processes.” (2002-2005) qui examine la qualité de vie des membres des familles migrantes engagées dans le ethnic business.

Dans cette présentation je vais développer la conception de la notion de qualité de vie telle qu’elle est définie dans le cadre de ce projet. Le point de départ est la qualité de vie en tant que concept organisé autour des capacités et des options de libre choix durant la vie, concept ainsi développé par Amartya Sen. Les projets biographiques, les ressources et les stratégies qui dépendent des relations familiales et des conditions sociales du genre et de génération sont tout autant d’aspects de l’habileté de l’individu d’agir intentionnellement. La relation complexe entre ressources, stratégies et conditions sociales peut être reconstruite à travers la méthode de l’interview biographique. De plus, je vais présenter quelques résultats des analyses qualitatives centrées sur la reconstruction du processus biographique qui aboutissent à deux types différents de processus d’accumulation de ressources par les enfants des familles migrantes entrepreneuses. La valeur et les limites des méthodes quantitatives et qualitatives seront mises en lumière par la combinaison des analyses quantitatives et qualitatives focalisée sur les résultats scolaires de ces enfants en tant qu’indicateur d’accumulation des ressources.

Dans la dernière partie je vais discuter les problèmes qui peuvent apparaître lorsqu’on réalise des comparaisons internationales sur la base des méthodes biographiques. Les cultures de recherche fragmentées dans le domaine des sciences sociales européennes amènent à des compréhensions divergentes de l’approche qualitative à travers l’Europe. Dans le but de rendre possible la comparaison internationale basée sur des matériels empiriques, le projet doit développer des modalités de dépasser cette fragmentation.

 

The comparative analysis of quality of life: the quantitative approach

Ruut Veenhoven, Université Erasmus - Rotterdam

Résumé

La qualité de vie dans une société peut être mesurée par les indicateurs comme: combien de temps les gens vivent et combien ils sont heureux durant leur vie. En utilisant ces indicateurs, j’évalue si la modernisation sociétale a amélioré ou empiré la vie. Premièrement, je vais examiner des résultats d’une recherche actuelle. Je commence avec une analyse internationale portant sur 90 pays en montrant que les gens vivent plus longtemps et sont plus heureux dans la plupart des sociétés modernes contemporaines. Deuxièmement, je vais examiner les tendances de 10 sociétés modernes à travers les 30 dernières années en montrant que le bonheur et la longévité ont accru dans la plupart des cas. Troisièmement, je vais discuter les résultats des analyses à long terme des perspectives historiques et de l’anthropologie comparative qui affirment que les gens vivaient mieux pendant les anciennes sociétés de chasse que durant les sociétés successives vivant de l’agriculture.

Ensemble, ces données suggèrent que l’évolution des sociétés s’est réalisée différemment selon l’époque en ce qui concerne la qualité de vie: dans un premier temps négativement, dans le changement de la société de chasse vers la société basée sur l’agriculture et dans le second temps positivement, dans le passage des sociétés agricoles vers les sociétés industrielles. Nous vivons plus longtemps et plus heureux aujourd’hui que jamais.

 

 

 

Délai d'inscription: 26/01/07