Chantier doctoral III

Vendredi 26 février 2010, Université de Lausanne

 
Sous la responsabilité de :

Cecchini Amaranta, assistante, Unine (amaranta.cecchini(at)unine(dot)ch)
Morgane Kuehni, assistante, UniL (morgane.kuehni(at)unil(dot)ch)
Valérie Rolle, assistante, UniL (valerie.rolle(at)unil(dot)ch)

Argument

 

 

Nous avons le plaisir de vous présenter le programme du chantier doctoral III, module de l’école doctorale romande de sociologie, organisé par des doctorant-e-s et pour des doctorant-e-s. Cette journée vise à offrir aux jeunes chercheur-e-s un espace de discussion entre pair-e-s sur des problèmes propres à la réalisation d’une thèse de doctorat. Elle propose trois séries de deux ateliers parallèles durant la journée du 26 février 2010.

La matinée offre deux séries successives d’ateliers animés par des doctorant-e-s autour de divers problèmes rencontrés dans le cadre de leur travail de thèse. Leur objectif est de problématiser et de collectiviser des manières de faire afin de trouver des pistes ou d’élaborer des solutions aux difficultés rencontrées.

Les deux animateur-e-s de l’atelier A questionneront la construction d’une base de données quantitative pour leur recherche respective à partir de bases de données établies par l’Offices Fédéral de la Statistique. Ils interrogeront les implications méthodologiques liées à l’utilisation de ces ressources extérieures dans la création de leurs propres outils statistiques.

L’animatrice de l’atelier B proposera, à travers une séance d’interprétation de données issues d’entretiens approfondis, de travailler sur le lien entre conditions de réalisation des entretiens et analyses des données ainsi récoltées. Elles abordera notamment le problème des conséquences, pour l’interprétation, du statut attribué à l’enquêteur-e, ou encore celui des variations inter et intra-individuelles dans les discours recueillis auprès des enquêté-e-s. Les animateur-e-s de la deuxième série d’ateliers de la matinée traiteront d’un problème méthodologique similaire dont les incidences sont toutefois particulières à leur terrain de recherche.

L’atelier C se penchera sur le problème de la gestion de la confidentialité pour le/la chercheur-e lorsqu’il/elle interroge les membres d’un couple séparément puis ensemble sur des aspects relativement intimes de leur vie. Il s’intéressera aux conséquences diverses, au moment de l’entretien ou lors de la restitution de ses résultats, de son statut de proche ou d’inconnu pour les enquêté-e-s.

L’atelier D abordera le problème de la préservation de l’anonymat des enquêté-e-s au moment de la rédaction. Il thématisera les enjeux liés sa prise en compte insuffisante lors de la préparation et de la réalisation de l’enquête de terrain.

 

L’après-midi sera consacré à deux ateliers parallèles au cours desquels de jeunes docteur-e-s ou doctorant-e-s en fin de thèse viendront partager quelques « ficelles » relatives à la réalisation de la thèse. Elles nous donneront accès « aux coulisses » de leur travail pour discuter des pièges et des enjeux propres à la rédaction d’une recherche de doctorat.

L’atelier 1 abordera la question de l’écriture des parties les plus centrales de la thèse : le chapitre méthodologique, les analyses, et la conclusion. Ses animatrices fourniront des outils permettant aux doctorant-e-s de se dégager des divers blocages susceptibles de survenir au moment de rédiger ces diverses parties.

L’atelier 2 se centrera sur le délicat problème de la reformulation permanente de la problématique tout au long du processus de recherche. Son animatrice se penchera sur les spécificités de cette mise en adéquation a posteriori de l’approche théorique initiale avec les résultats de recherche obtenus au cours de l’enquête.


Les doctorant-e-s sont invités à s’inscrire à cette journée doctorale d’ici au 12 février 2010 au moyen du formulaire d’inscription habituel, à renvoyer à Magali Dubey ainsi qu’aux responsables de ce chantier. Nous vous remercions d’y préciser, pour chacune des trois séries d’ateliers prévus durant cette journée, celui auquel vous souhaitez participer en priorité (A ou B, C ou D et 1 ou 2).

 

Présentation des ateliers


Ateliers doctorant-e-s : de 9h00 à 10h45


Atelier A : Les problèmes liés à l’analyse secondaire des données

Animation : Cédric Jacot, Unine, et Fabienne Stettler, Unine


Dans le cadre de cet atelier, nous proposons une réflexion autour de l’analyse secondaire des données et plus particulièrement sur les choix qu’implique la construction d’une base de données personnelle à partir de données préexistantes. Ces questions seront abordées à partir d’exemples rencontrés dans nos thèses respectives. Cédric Jacot présentera les problèmes liés à la mobilité sociale traitée à partir des données du Panel Suisse des Ménages (PSM) et de l’Enquête sur le revenu et les conditions de vie (SILC) – recherche internationale réalisée en Suisse par l’OFS. Fabienne Stettler exemplifiera ses réflexions par les données de la Statistique du mouvement naturel de la population (BEVNAT) – base de données exhaustive gérée par l’OFS – dans le cadre de l’analyse du divorce. Il s’agira de discuter notamment des questions suivantes : 1) Quelles sont les bases de données existantes ? Où les trouver ? Comment les choisir ? ; 2) Quel était le but de création de la base ? Pour quelles retombées pratiques a-t-elle été construite ? A partir de quel échantillon et pour quel public cible ? ; 3) A quelles conditions est-il pertinent de construire une base de données personnelle à partir de diverses bases ? Est-ce seulement possible ? A quelles agrégations et pondérations doit-on être attentifs ?


Atelier B : Travailler les données qualitatives recueillies par entretiens approfondis

Animation : Lucie Schoch, Unil


Dans le cadre de ma thèse, j’ai, entre autres, recueilli des données par entretiens semi-directifs approfondis auprès de journalistes travaillant dans la presse quotidienne sportive romande. Après l’interprétation isolée des différents entretiens, je me suis attelée à des analyses transversales. Désormais, une analyse plus approfondie des données s’impose. M’étant tour à tour retrouvée dans la position de l’élève à qui l’on enseigne, de la bonne copine ou encore de la « psy », les relations tissées avec les enquêtés ont été à chaque fois originales. Mais il me semble ne pas avoir assez pris en compte ce contexte de réalisation des entretiens, que je sais pourtant important à l’interprétation des données. De plus, même si je sais que les réponses « à côté » et les malentendus sont loin d’être des éléments anecdotiques, mais au contraire précieux à analyser parce que riches de sens, j’ai parfois du mal à comprendre ce que traduisent ces décalages et à les rendre intelligibles. Je suis également consciente que certain-e-s de mes répondant-e-s sont restés sur leur réserve et ont répondu de façon attendue à mes questions. Là aussi, il me faut creuser l’interprétation : mais comment, dans quelle direction ? Il m’est arrivé de percevoir un raidissement de quelques enquêté-e-s à l’évocation de certaines questions qui, visiblement, touchaient à des points sensibles : mais quels sont-ils et qu’est-ce que cela révèle ? Par ailleurs, il est relativement délicat de cerner l’importance à accorder aux contradictions entre deux répondants, aux incohérences d’un×e même enquêté×e. Il n’est pas évident d’interpréter ces éléments : simple écart de mémoire involontaire, justification ou préservation de la face ? La peur de la surinterprétation s’avère fortement présente. L’objectif de cet atelier est ainsi de travailler sur une sélection d’extraits d’entretiens pour essayer de croiser les regards et les interprétations possibles autour de ces questions.


Ateliers doctorant-e-s : de 11h00 à 12h45


Atelier C : Quand l’enquêteur est pris à parti dans la relation d’enquête : le cas d’une recherche sur la négociation conjugale des goûts en matière d’habiter

Animation : Patrick Ischer, Unine


Les difficultés inhérentes à la relation enquêteur-e/enquêté-e sont indissociables du processus de recherche et peuvent soulever un ensemble de questions éthiques auxquelles le/la chercheur-e doit se confronter dans le dessein de protéger ses informateur-e-s. Dans le cadre de mon travail de thèse, qui porte sur les socialisations esthétiques en matière d’habiter et sur la manière dont les couples négocient leurs divergences et leurs correspondances de goût au moment de leur cohabitation, les entretiens que je mène se déroulent en deux temps : je rencontre d’abord les partenaires individuellement, puis je réalise une entrevue avec le couple. Ayant pris soin d'instaurer une relation de confiance avec mes enquêté-e-s (dont certain-e-s ont été recrutés au sein de mon réseau interpersonnel), il m’est arrivé à plusieurs reprises d’être peu à peu considéré comme un confident, un conseiller conjugal, voire un médiateur. Se pose dès lors une série de questions que je souhaite partager dans le cadre de cet atelier : Comment éviter toute forme de triangulation susceptible d’écarter l’un des partenaires ? Comment gérer cette situation sans perturber le bon déroulement de l’entretien ? Comment ne pas endosser le rôle du thérapeute conjugal ? Ensuite, alors même que les propos énoncés lors de l’entretien individuel apparaissent comme pertinents pour ma recherche, puis-je me permettre de les faire apparaître dans mon travail ? En d’autres termes, comment gérer la confidentialité tout en sachant que les partenaires sauront facilement se reconnaître ? Finalement, s’agissant de personnes qu’il m’arrive de côtoyer, comment traiter les « prolongations de l’entretien » hors de la situation d’enquête ?


Atelier D : Préserver l’anonymat de ses enquêté-e-s : entre problème éthique et problème méthodologique

Animation : Valérie Rolle, Unil

 

Le préservation de l’anonymat constitue une règle éthique dans le monde académique. Les chercheur-e-s doivent éviter de mettre en danger la dignité ou l’intégrité de leurs enquêté-e-s. Il s’agit ainsi d’anticiper les conséquences de l’éventuelle réception de ses résultats d’enquête  sur le monde enquêté. Dans le cas de ma recherche, je me suis confrontée à ce problème spécifique au moment de l’analyse des données recueilles grâce à une photostimulation. J’ai mobilisé, au cours de mes entretiens, une série de photos de tatouages de divers styles réalisés par des tatoueurs étrangers et locaux pour comprendre selon quels critères les tatoueurs produisent et évaluent un tatouage. Citer mes sources pour choisir ces photos (magazines, Internet) ne me semblait pas problématique, jusqu’à ce que la facture de l’un de ces tatouages fasse l’objet de vives critiques par les tatoueur-e-s interrogés. Citer son auteur revenait alors à participer négativement au système de construction des réputations du monde du tatouage, lequel passe précisément par l’évaluation du travail des pairs. S’est alors posée la question de la gestion de ce problème méthodologique non-anticipé dans le cadre de la restitution de mes résultats de recherche et, plus généralement, celle de la préservation de l’anonymat de mes enquêté-e-s. Je tenterai de thématiser les enjeux liés à ces questions, encore vives pour moi au moment de l’écriture de ma thèse, afin de les mettre à l’épreuve de l’expérience des participant-e-s de cet atelier sur leur propre terrain d’enquête.


Ateliers « ficelles du métier » : de 14h30 à 17h00

 

Atelier 1 : « Kit de survie » pour doctorant·e·s : quelques astuces pour arriver au bout de sa thèse

Animation : Natalie Benelli, Unil, et Angélique Fellay, Unil

 

En poursuivant le double objectif d’ouvrir la boîte noire de la « fabrication » d’une thèse et de faire tomber certains tabous qui entourent ce travail (par exemple, l’idée qu’il faut y arriver tout-e seul, l’idée qu’on est le/la seul-e à être bloqué-e et à rencontrer des problèmes ou encore l’idée qu’il n’y a qu’une bonne manière de faire), notre intervention se focalisera sur quelques moments clé de la thèse qui méritent d’être abordés séparément. L’accent sera mis sur le travail d’écriture et plus particulièrement sur les défis que pose la mise en mot du travail scientifique. Si le propos visera à être le plus généraliste possible, il vaut toutefois essentiellement pour des travaux adoptant une démarche qualitative/inductive. Concrètement, nous aborderons quatre moments du travail scientifique : « faire » la méthodologie ; analyser les données ; écrire en analysant – analyser en écrivant ; conclure. La présentation s’appuiera sur nos expériences respectives pour proposer aux doctorant-e-s des pistes et des outils concrets leur permettant d’affronter les enjeux et difficultés inhérentes à la thèse.

 

Atelier 2 : Dans les coulisses d’une thèse : Le migrant online. Nouveaux modèles migratoires à l’ère du numérique.  Les défis méthodologiques d’une « approche en spirale » : embûches, innovations, bricolages

Animation : Mihaela Nedelcu, Unine


Mon intervention visera à apporter quelques éléments de réflexion à la question suivante : comment gérer le décalage (ou l’adéquation trop parfaite) entre l’appréhension théorique et la découverte empirique d’un terrain de recherche ? Elle proposera aux doctorant-e-s quelques pistes de réflexion face à ces défis, en s’appuyant sur des exemples concrets qui mettront en évidence les difficultés à délimiter l’objet de recherche, les doutes, les choix opérés, les étapes de reformulation de la problématique, et enfin la formalisation méthodologique de ces va-et-vient entre terrain et théorie dans une approche « en spirale ». Cette présentation constituera le point de départ d’un échange avec les doctorant-e-s, qui permettra de discuter les principales questions et les difficultés qu’ils/elles rencontrent dans l’articulation de leurs données à leur problématique initiale de recherche et à leurs « a priori » théoriques.

 

Programme de la journée

 

 

8h30 - 9h00

Accueil des participant-e-s

Rendez-vous à la cafétéria de l'Unithèque

9h00 - 10h45

Ateliers doctorant-e-s A et B

A: Salle de conférence (niveau 5)

B: Le "bocal" (niveau 4)

10h45 - 11h00Pause café
11h00 - 12h45

Ateliers doctorant-e-s C et D

C: Salle de conférence (niveau 5)

D: Le "bocal" (niveau 4)

12h45 - 14h30Repas de midi à la cafétéria de l'Unithèque
14h30 - 17h00

Ateliers "ficelles du métier" 1&2

1: Salle de conférence (niveau 5)

2: Le "bocal" (niveau 4)

17h00Apéritif de clôture

 

 

Informations pratiques

 

Adresse:               

Université de Lausanne

Faculté des Sciences Sociales et Politiques

Site de Dorigny

Bâtiment  Unithèque (Bibliothèque)

Plan du site : http://planete.unil.ch/plan 

 

Accès:

 

Depuis la gare : prendre la ligne du métro M2 « Lausanne Gare » direction « Croisettes », sortie « Lausanne Flon » (1 arrêt, 2 minutes).

Prendre ensuite la ligne du métro M1 « Lausanne Flon » et sortir à l’arrêt « Unil Dorigny » ou « Sorge » (6
ou 7 arrêts, 10 minutes). Pour tout autre itinéraire : www.t-l.ch