Information détaillée concernant le cours

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Titre

Sociologie des émotions

Dates

1-2 décembre 2016

Organisateur(s)/trice(s)

L. Kaufmann (UNIL), Ph. Gonzalez (UNIL)

Intervenant-e-s

J. Arquembourg (Paris Sorbonne), L. Quéré (CNRS, EHESS), K. Niemeyer (Panthéon-Assas)

Description

Dans les sciences sociales, les émotions ont longtemps été associées à des impulsions irrationnelles qui compromettraient, en tant que telles, le cours «normal» des comportements: agir ou plutôt réagir sous l'influence d'une émotion, telle la colère, serait risquer de s'écarter des façons normales d'agir. Par ailleurs, l'émotion a souvent été conçue comme une contrepartie interne, voire un substitut à l'action à laquelle elle devrait en principe donner lieu: revendiquer (l'humiliation), détruire (la colère), repousser (le dégoût), réparer (la culpabilité), etc. A l'encontre de cette conception négative, voire dysfonctionnelle, des émotions, nombre de chercheurs s'accordent à présent pour reconnaître que les émotions, loin d'être des réactions instinctives ou irréfléchies, ont une composante évaluative. En effet, les émotions sont des jugements évaluatifs car elles sont générées par la catégorisation et l'évaluation d'une situation et de ses traits pertinents. Un tel processus d'évaluation n'est en rien personnel ou privé : il est nourri pour ainsi dire «de l'intérieur» par les règles sociales et les valeurs morales qui déterminent «l'émotion qui convient» à telle ou telle situation, comme le montre la manifestation «obligatoire» des sentiments appropriés à certaines situations sociales (deuils, fêtes, etc.). Les émotions ont également une composante normative; non seulement elles résultent de l'apprentissage et du formatage public de «l'émotion qui convient», mais elles incitent les individus à se conformer aux normes de leur communauté. Enfin, les émotions ont une composante communicationnelle: elles permettent de manifester à autrui la manière dont nous sommes affectés par le monde qui nous entoure. Les émotions sont donc une ressource centrale de l'action et de l'interaction, que ce soit au niveau des relations de coprésence ou au niveau des relations à distance. L'objectif de ce séminaire résidentiel, qui réunit des chercheurs confirmés et des doctorant-e-s, est précisément de revenir sur la portée sociologique de cette double dimension évaluative et normative des émotions. La peur de l'étranger, la honte d'un licenciement, l'indignation contre les abus de biens sociaux, ou tout simplement la surprise que génère un événement inattendu sont autant d'éléments qui permettent aux chercheur-e-s de saisir les valeurs des individus ou des collectifs auxquels ils s'intéressent. Après avoir présenté et discuté les diverses implications théoriques, empiriques et méthodologiques du «tournant émotionnel» des sciences sociales, les différents intervenants prendront soin de les éclairer par des exemples de terrain. Une attention particulière sera portée à l'expression publique des émotions ainsi qu'aux usages auxquelles elles se prêtent dans les différentes arènes où elles apparaissent (documents de presse, échanges de blogs, débats politiques, etc.). Ce que les émotions font ou permettent de faire oscillent, en effet, en fonction de leurs contextes d'apparition.

Lieu

Château de Bossey ou Le Courtil (Rolle)

Information
Places

20

Délai d'inscription 15.11.2016
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