Recherche-action et intervention
Recherche-action et intervention
Séminaire méthodologique
Vendredi 23 novembre 2007 à Neuchâtel, Institut de sociologie, Faubourg de l’Hôpital 27, Université de Neuchâtel
Resp.: prof. François Hainard
Délai d'inscription: 31/10/07
Argument
Intervention et recherche-action sont des approches en sciences sociales qui vont au-delà des aspects strictement méthodologiques (pratiques de terrains et approches interactionnistes) ; elles supposent aussi une posture particulière du chercheur parce qu’étroitement liée au terrain et aux acteurs « partenaires » : écoute, implication, rupture du fossé terrain et théorie, dimension pédagogique et/ou politique,….
Complexes parce que plurielles et toujours polymorphes, souvent insécures et toujours exigeantes de par les confrontations des terrains, ces approches sont à la fois méconnues ou négligées alors qu’elles permettent d’entrer véritablement dans les réalités les plus difficiles. Si les démarches de l’intervention ou de l’action dans la recherche sont sans doute différentes l’une de l’autre, un point semble les réunir : toutes deux répondent à une demande et, en tout cas pour l’intervention, conduisent à un contrat. Différentes de la recherche fondamentale, ces deux approches sont la plupart du temps extérieures aux milieux académiques, d’où pour cette journée le concours indispensable d’intervenantes extra-universitaires fortement ancrées dans la pratique. De fait, ces approches posent de plein fouet la question de l’exercice de la profession de sociologue à l’extérieur de l’Université.
Cette journée a pour objectifs de rappeler les référents historiques, épistémologiques et méthodologiques de ces deux approches, d’illustrer leur application par des exemples concrets et de débattre des perspectives et des enjeux de « cette face cachée » de la sociologie.
Programme
Matin (9h30 - 12h30) : L'intervention
1. L’intervention dans les sciences sociales : fondements et spécificités d’une pratique « invisible »(Dominique Felder)
Résumé et références bibliographiques (5.4Ko, )
2. Pour l’intervention : présentation de l’intervention socianalytique (Christiane Gilon et Patrice Ville)
Résumé et références bibliographiques (6.9Ko, )
3. Discussion
Après-midi (14h-17h) : La recherche-action
1. Présupposés théoriques de la recherche-action. Quelques courants de l’Amérique latine et de France (German Solinis)
Résumé et références bibliographiques (5.5Ko, )
2. Présentation d’une recherche-action internationale effectuée sur des terrains d’Afrique de l’Ouest, d’Amérique du Sud et de pays de l’Est (François Hainard)
Résumé et références bibliographiques (6.3Ko, )
3. Intervention et recherche-action : deux modalités d’une sociologie en actes (Dominique Felder)
Résumé et références bibliographiques (4.2Ko, )
4. Discussion
Présentation des intervenants
Dominique Felder
Sociologue consultante, née à Genève où elle a fait ses études et obtenu sa licence, elle commence sa carrière en 1973 dans un institut de recherche de l’Etat où elle exercera en tant que sociologue salariée pendant une vingtaine d’années.
Bénéficiaire en 1982 d'une bourse de relève du Fonds national de la recherche scientifique, elle passe une année sabbatique en Californie, où elle acquiert des compétences en matière de gestion des conflits et d'organisation. Ce séjour a donné lieu à la publication du livre Les Mutants pacifiques.
Indépendante depuis 1993, Dominique Felder a créé la micro-entreprise Ressources, qui offre des services d'analyse, de conseil (accompagnement individualisé pour dirigeants et cadres) et d'intervention. Ses mandats proviennent d'associations professionnelles, d'institutions sociales, d'organisations non-gouvernementales, du milieu associatif, d'administrations publiques ou d'entreprises privées. Parmi ses clients, on compte la Migros, qui lui a commandé l'analyse prospective Le futur s'invente aujourd'hui, la caisse cantonale de chômage du syndicat SIT, dont elle a accompagné la restructuration, ou la Police genevoise, qui l'a mandatée pour réaliser une étude sur l'identité professionnelle des gendarmes. Ressources a par ailleurs réalisé de nombreux mandats liés à l’organisation des relations de travail ou aux conflits qui lui sont liés.
Parallèlement à ses activités de chercheuse puis de sociologue indépendante, Dominique Felder a exercé diverses charges d’enseignement : d’abord à l’Université de Genève, en tant qu’assistante, puis à l’Institut d’Etudes sociales de Genève, à la Webster University, à l’Ecole supérieure de travail social de Fribourg, et plus récemment à la Haute école de gestion de Genève ou dans le cadre du DEA romand de sociologie. Elle a régulièrement été invitée au cours de sociologie spéciale de l’Université de Neuchâtel.
Titulaire d’un doctorat de cette même université, Dominique Felder a récemment publié un ouvrage spécialisé sur la pratique professionnelle de l’intervention.
Christiane Gilon
« Après mes études de sociologie, en 1975, j’ai commencé par travailler comme chercheuse à l’institut de sociologie de Liège, en Belgique. J’avais à résoudre des problèmes d’action, et je voyais bien que les recherches par entretiens ou par observation, même participante ne permettaient pas d’aider de façon significative les « acteurs sociaux », comme on disait à l’époque. En 1978, j’ai quitté la Belgique pour aller là où se pratiquait la sociologie d’intervention : à Paris. Il y avait trois « écoles » à l’époque, sans parler des psychosociologues très actifs eux aussi dans le domaine de la RA : Touraine, Crozier et les institutionnalistes. Trois chapelles très françaises, très intolérantes les unes envers les autres, mais très intéressantes, + l’ARIP pour les psychosociologues. Je me suis ainsi formée à l’intervention (en pratiquant des interventions avec Touraine et avec des institutionnalistes, en recherchant une supervision auprès de psychosociologues). J’ai découvert que l’intervention est une méthode de recherche très efficace, car en dérangeant et en transformant une situation ou un monde, on apprend rapidement à la/le connaître en profondeur, de même que par exemple dans une crise ou une grève, on saisit « le social en ébullition » comme disait Gurvitch.
« Ensuite j’ai développé une méthode socianalytique personnelle, avec Patrice Ville, une sorte de « dynamique des systèmes sociaux » pour faire le parallèle avec la dynamique des groupes. J’ai beaucoup cherché dans le domaine des dispositifs d’intervention.
« Je travaille en libéral, avec des amis sociologues psychosociologues psychanalystes. Nous sommes une entreprise en réseau, qui fonctionne depuis 1983. Il faut un collectif pour conduire des interventions (ou RA).
Je reste en lien avec l’université au sens où je m’inscris pour communiquer dans des colloques sur ma pratique, de manière à garder des interlocuteurs, une relation avec d’autres praticiens. Je n’enseigne pas.
« Dernièrement, les propositions de « démocratie participative » de Ségolène Royal m’ont beaucoup intéressée (l’idée que les gens sont les experts de leur quotidien), car c’était une ouverture du politique à des transformations que K.Lewin a portées dans le domaine de la recherche dès la fin de la guerre de 40, en inscrivant ses recherches dans une perspective démocratique d’aide à l’action et de travail des énergies. »
Patrice Ville
Sociologue socianalyste , fondateur du Groupe d'Analyse Institutionnelle de Paris en 1971 Outre les interventions sur le terrain avec C. Gilon, il enseigne la socianalyse à l'Université de Paris VIII - ex Vincennes à Saint Denis, département des Sciences de l'Education Laboratoire
German Solinis
Spécialiste de programme auprès du Programme « Gestion des Transformations sociales » (MOST) de l’UNESCO. Docteur en Sociologie par l’École des hautes études en sciences sociales de Paris, il a également le diplôme d’architecte par l’UNAM de Mexico et la maîtrise d’urbanisme et aménagement du territoire de l’université Paris VIII. Il a été Secrétaire général du réseau de recherches comparatives internationales (EHESS) et professeur-chercheur à l’Université ITESO de Guadalajara (Mexique).
Il enseigne à l’Institut d’Études Politiques de Paris depuis 2001 et a publié de nombreux travaux sur l’urbanisme, la démocratie et la gouvernance.
François Hainard
Etudes à l’Université de Neuchâtel et à Cornell University. Professeur de sociologie à l’Université de Neuchâtel dont il dirige l’Institut. Enseigne la sociologie générale, différents aspects de la sociologie économique et les méthodes de recherche. Dirige des recherches dans les domaines de l’économie, de l’environnement et des problèmes sociaux (actuellement deux projets au FNS, à la Division 1 sur l’économie informelle et au PNR58 sur les stratégies d’intégration économique et sociale d’une communauté religieuse).